Évolution d'une carrière dans l'eSport : Le freelance

JudgeHype | Mise à jour 09/09/2022 à 15h20 - 05/09/2022 à 09h47 - 1

Le Freelance : Du travail bénévole à une situation de liberté totale

Bonjour à tous et bienvenus dans le troisième d'article dédié aux métiers de l'eSport. Après le créateur de contenu et les joueurs, on va s'intéresser au freelance. Innombrables dans le domaine, les freelances peuvent disposer de capacités très différentes. Cependant, ils doivent aussi partager certaines qualités sans lesquelles ils ne parviendront jamais à percer dans le milieu.

Cet article est rédigé par Den.


Sommaire

  1. Introduction
  2. Étape 1 : La création d'un portfolio
  3. Étape 2 : Construire une source de revenu durable
  4. Étape 3 : Créer sa propre audience
  5. Étape 4 : Devenir une référence
  6. Étape 5 : Sortie de la logique de dépendance
  7. Conclusion


1. Introduction

Dans le monde de l’E-sport, on parle énormément d’image, de communauté ou encore d’influence. Un sujet que nous avons déjà largement abordé dans notre dossier sur les créateurs de contenu. Aujourd’hui, je souhaite aborder ceux qui ont commencé dans la logique opposée à la recherche d’une imagine sur la toile, les Freelances. 

Freelance signifie “indépendant” en anglais. Une personne travaille en freelance dès lors qu’elle exerce son activité professionnelle en tant que travailleur indépendant. 

Dans le monde de l’E-sport, les Freelances pourraient être considérés comme les acteurs de l’ombre. Ils travaillent dans le cadre de contrats courts, souvent à répétition et représentent le plus gros des travailleurs du secteur.  Monteurs vidéos, rédacteurs d’articles ou de scripts, organisateurs d’événements, commentateurs, coachs ou encore animateur de communauté, le monde de l’E-sport est rempli de ces travailleurs passionnés qui enchainent ce que l’on pourrait considérer comme des petits boulots. 

Dans ce dossier, j’aimerais vous proposer une immersion dans la carrière d’un Freelance. De ses débuts pendant lesquels il fait un travail bénévole à une reconnaissance qui fait de lui un atout pour ses futurs contractant. Tout comme pour les créateurs de contenu, un indépendant passe par plusieurs étapes au cours de sa carrière et doit savoir se démarquer pour faire avancer cette dernière. Comme le créateur de créateur, on voit généralement ces travailleurs comme chanceux, particulièrement depuis l’avènement du télétravail. Cela qui permet d’aménager ses horaires et d’avoir beaucoup plus liberté dans son organisation. 

À l’inverse du créateur de contenu cependant, la carrière d’un Freelance évolue de façon beaucoup plus erratique. En effet, une fois que le créateur à développé son image et dispose d’une communauté bien établie, il dispose d’une situation stable et sur laquelle il peut capitaliser assez sereinement. À moins de faire une erreur, sa communauté sera un soutien fort pour la suite de sa carrière. 

Dans le cadre d’un Freelance, l’existence d’un contrat avec une autre entité crée nécessairement une dépendance vis-à-vis de son contractant. Ainsi, la carrière d’indépendant à tendance à être beaucoup plus en dent de scie, pouvant signer de gros contrats, mais aussi enchainer les missions précaires dans la même année. 

Et c’est ce besoin de stabilité, très difficile à satisfaire dans ce statut, qui fait que très peu de personnes réussissent à rester indépendantes pendant de longues durées. Pour le peu qui y parviennent, ils atteignent alors la liberté que l’on jalouse au statut d’indépendant, sans forcément voir le chemin parcouru pour en arriver là.


2. La création d'un portfolio

Un portfolio est un ensemble de travaux, de dessins, de textes, etc., choisis par un créateur, un auteur, un artiste, un photographe, etc., pour témoigner de son œuvre, pour faire état de ses réalisations. 

À moins d’avoir des connaissances ou des relations d’une activité passée, un freelance qui débute doit trouver un moyen de convaincre les gens chez qui il postule de lui faire confiance. Dans la très grande majorité des cas, ce moyen est la constitution d’un portfolio afin de pouvoir témoigner d’une certaine expertise et donner une idée de ce que nous sommes capable de produire. 

Si de nos jours, les formations en E-sport se multiplient et permettent donc de créer un portfolio durant les études, d’autres freelances, n’ayant pas le choix, doivent souvent s’investir dans du travail bénévole afin de prouver leurs capacités

La réputation de “milieu de passionné” dont l’E-sport fait l’objet est en grande partie due à ce début de carrière de la majorité du secteur. Les portes pour commencer une carrière étant très floues, la majorité des futurs travailleurs commencent par un travail bénévole, soit par réelle passion pour ce milieu, soit par intérêt de développer une activité future. 

Ainsi, cette première étape peut prendre plusieurs formes : 

  • La recherche d’un stage ou d’une immersion dans une entreprise du secteur qui permettra de démontrer d’une expérience de terrain.
  • La création de contenu personnel afin d’avoir une base que l’on peut utiliser comme portfolio par la suite.
  • L’investissement dans une association, approche un peu plus touche-à-tout et à cheval entre la création personnelle et le cadre de l’entreprise. 

Si l’investissement dans une entreprise ou dans une association est généralement vu comme une option plus sûre, et que le freelance peut rêver d’obtenir quelques contrats ultérieurement avec la structure en question. Cette solution limite également les possibilités de se mettre en avant de manière créative en comparaison avec la liberté de proposer un contenu personnel. 

Ainsi, bien que le choix de sa première expérience se fait souvent de façon opportuniste, il faut bien réfléchir aux compétences que nous voudrons mettre en avant par la suite. 

Le travail dans une structure suggère : 

  • Capacité à travailler en équipe, à contribuer à un ensemble
  • Capacité à s’adapter à un planning, à un rythme commun
  • Capacité à suivre des directives

Le travail indépendant suggère : 

  • Capacité créative et d’adaptation
  • Capacité à être force de proposition
  • Capacité à travailler en indépendance

Dans les deux cas exposés ci-dessus, la compétence la plus importante à ce stade-là de la carrière d’un freelance, c’est sa capacité à créer un réseau. En effet, quelques soient vos habiletés dans le travail, la condition Sine Qua Non à pouvoir transformer son travail en une source de revenu potentielle, c’est le fait que les potentiels employeurs soient au courant de ces dernières. 


3. Construire une source de revenu durable

Une fois que l’on a réussi à créer un portfolio qui nous représente nous et nos compétences, il est temps de valoriser notre travail. 

Avec le temps, cette phase de valorisation s’est énormément facilitée pour les Freelances. S'il y a une cinq ans, il était très difficile de trouver des contrats sans un réseau bien développé, les sites spécialisés dans le travail Freelance sont désormais nombreux et permettent de trouver des offres dans la majorité des professions de l’E-sport.

En outre, l’accès et la démocratisation des réseaux sociaux a probablement été la plus grande avancée technologique pour le métier de Freelance. En effet, par les réseaux sociaux et les plateformes qui s’en sont inspirées, le travailleur indépendant à la possibilité de promouvoir son activité gratuitement (ou en payant certains services pour être mis en avant) et à très grande échelle. Les réseaux sociaux peuvent servir de véritable site web personnel, mis à jour en permanence, et avec un aspect très humain en prime, permettant de promouvoir ses services aux yeux d’une base de clients virtuellement illimitée. Dans mon cas par exemple, je n’aurais jamais eu l’opportunité de coacher sur le territoire américain ou asiatique (depuis chez moi en France, j'entends) si les réseaux sociaux n’avaient pas existé. C’est grâce à ces plateformes que j’ai pu partager ma passion du jeu Hearthstone et faire connaître mon nom à des plateformes ou des joueurs qui n’auraient jamais entendu parler de moi autrement. 

Néanmoins, si trouver des contrats est devenu beaucoup plus simple que par le passé, consolider une source de revenu durable n’est pas pour autant une mission aisée. En effet, afin de pouvoir vivre de son travail, un Freelance est dans l’obligation de travailler sur la durée, et doit donc souvent cumuler la recherche de nouveaux contrats avec la réalisation de ceux qui sont en cours. 

Le Graal est évidemment la possibilité de trouver l’équivalent d’un CDI, c'est-à-dire un poste auprès d’une société dont nous savons la pérennité et le besoin de notre travail à long terme. Mais cela n’est pas forcément possible pour toutes les professions et les places sont généralement très limitées. 

Un exemple de ce type de situation préférentielle sont les commentateurs, qui sont très fréquemment conservés d’un événement à l’autre et peuvent ainsi anticiper leurs revenus dans le temps. 

En dehors de ces cas, qui représentent une minorité des freelances en E-sport. La question de l’impact de cette incertitude permanente est un réel enjeu à l’heure actuelle. En effet, être continuellement dans le doute de ce que seront nos revenus d’un mois à l’autre peut rapidement devenir très difficile à vivre. S’ajoute à cela que le statut d’autoentrepreneur ne permet pas l’accès au chômage pour les mois où le travail viendrait à manquer. 

Cette phase de construction de sa source de revenu est donc à double tranchant. Elle peut se révéler extrêmement bénéfique, représentant la validation de notre travail jusqu’à maintenant gratuit, et la concrétisation d’un souhait de faire carrière dans ce qui serait resté un passe-temps autrement. 

Mais la pression psychologique que représente cette phase de recherche, et l’incertitude qui l’accompagne, et qui peut durer indéfiniment, ne sont pas des choses faciles à vivre au quotidien. 

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nombre de freelances ne voient ce statut que comme transitoire, et ne l’utilisent que comme un complément de revenu ou une situation forcée, faute de pouvoir trouver mieux. 

Pour ceux qui réussissent à se pérenniser cependant, s’ouvrent alors les portes des avantages à être travailleur indépendant, et la récompense de ces mois ou années de travail en conditions précaires. 


4. Créer sa propre audience

À partir de cette étape, nous allons principalement parler des freelances qui produisent un travail rendu public, avec leur nom attaché à ce travail. Par exemple les rédacteurs, commentateurs, pigistes ou autres travaux dont la rentabilité pour l’employeur est basé sur la fréquentation. Ceux dont le travail reste dans un cadré privé resteront souvent à l’étape 2, et évolueront vers des situations beaucoup plus proches du salariat avec le temps. 

À force de travailler, et donc de produire pour ses employeurs, un freelance finit par se construire une réputation. Cette réputation peut-être professionnelle. À force d’enchaîner les contrats pour différents contractants, votre nom commence à être connu dans les communautés de recherche de freelances. Mais surtout, cette réputation peut être publique, c'est-à-dire qu’au-delà de la rémunération de votre travail, vous avez développé votre image et une audience rattachée à cette image. 

Ce nouvel aspect dans la carrière d’un freelance est primordial à son développement futur, car il représente un pan de nouvelles opportunités. 

En effet, à l’image d’un créateur de contenu, le freelance pourra désormais utiliser cette audience à différentes occasions : 

  • Cela donne du poids à ses candidatures, parce qu'en plus d’apporter son travail, le freelance apporte désormais une clientèle potentielle. Ce nouvel argument de négociation permet de demander des rémunérations plus hautes, ainsi que de largement augmenter les chances de décrocher des contrats en rapport avec un public.
  • Cette audience peut amener à de nouveaux contrats directement, particulièrement dans les domaines en rapport à l’événementiel (animation, décoration…) ou les secteurs éducatifs qui ont tendances à très facilement s’adapter d’un contexte professionnel à un contexte informel et privé. 
  • Enfin, cette audience participe à véhiculer une image positive de votre travail par des biais cognitifs comme l’effet de groupe ou l’effet de halo. Votre travail sera ainsi vu d’un œil plus bienveillant qu’auparavant grâce au fait que vous avez une audience qui le valide. 

Le point de départ de cette audience personnelle est souvent très opportuniste et dans la plupart des cas imprévu. Une fois qu’il réalise sa capacité à attirer les foules, le freelance va devoir adapter sa stratégie pour faire grandir son audience. 

Contrairement au créateur de contenu, un indépendant sous contrat est tenu de respecter le cahier des charges de son contractant, et de garder une image très professionnelle sur la toile. Il ne peut alors pas se lancer dans les mêmes opérations de promotions comme pourrait le faire quelqu’un de parfaitement libre de l’utilisation de son image. 

Tout en continuant de travailler pour vivre, le freelance va désormais essayer de s’investir et de postuler dans des contrats plus à même de développer son image, soit parce que le sujet est d’actualité où en cherchant à être contracté auprès d’entreprises avec des audiences bien plus larges que ce qu’il a l’habitude de faire. Si cela n’était pas possible, il pourrait même repasser par une phase de bénévolat dans une structure afin de l’utiliser comme un tremplin pour son image. La fameuse rémunération en visibilité, mais qui a un intérêt dans ce cas précis. Une phase de reconstruction de son portfolio peut être nécessaire dans le but de parfaire notre candidature à ces offres qui ouvrent vers différentes audiences. 

Finalement, on pourra aussi voir une implication différente quant aux réseaux sociaux utilisés. Si le point de départ d’un indépendant sont souvent les réseaux professionnels, car plus à même d’y faire rencontrer des contractants, le grand public utilise d’autres plateformes avec lesquelles il faudra devenir familier également. Ainsi, si la norme dans le monde de l’entreprise est plutôt la discrétion sur les réseaux. Celle du grand public est de plus en plus l’exubérance et la mise en avant de sa personne. Jongler entre ces deux aspects peut être très difficile à opérer et à mener à de mauvaises surprises. 

Cette phase de la carrière d’un freelance est particulièrement délicate à naviguer, et tous les points positifs listés plus haut peuvent être renversés à la négative si l’on est associé à des communautés de mauvaise réputation. 


5. Devenir une référence

Si la phase de développement de son image se passe bien, voire très bien, le travailleur freelance peut alors espérer devenir une référence dans son activité. Dans le milieu du commentaire par exemple, c’est très fréquent que certains commentateurs soient la référence sur un jeu ou dans un domaine. Le public s’attend ainsi à ce que ce soit ces références aux commentaires des événements en lien avec le jeu, tel un lien devenu logique. 

La très grande différence entre le statut de référence et les autres, c’est le fait que les propositions de contrats commencent à se faire plus fréquemment, réduisant notamment le besoin et le temps des recherches. 

Cela peut paraître anodin à première vue, mais la recherche, négociation et acquisition de contrats est l’un des postes les plus gourmands en temps dans l’agenda d’un indépendant. Au-delà de la recherche pure sur les plateformes et les prises de contacts, voici les étapes classiques que suit un freelance entre le moment où il est choisi par le contractant, et avant de pouvoir se lancer pleinement dans la réalisation de sa mission : 

  • Prise de contact avec le contractant, établissement du cahier des charges.
  • Proposition du freelance et au besoin discussions pour ajuster la proposition.
  • Une fois la proposition finale établie, discussions autour du prix si les modifications du cahier des charges impactent certains besoins important à la réalisation de la mission.
  • Selon les missions, des échantillons peuvent être demandés avant la réalisation finale.
  • Validation finale par le contractant.

Bien que ces points puissent se régler assez rapidement dans la plupart des cas*, ces temps de latence entre la signature et la possibilité de remplir sa part du contrat peuvent très vite s’accumuler.  Par exemple, dans le cas où nous avons beaucoup de contractants différents (les artistes qui créent les emotes twitch par exemple) ou si les contrats concernent différents publics et demandent donc de l’adaptation. 

En devenant une référence, le freelance gagne de ce fait un temps précieux, et dans l’acquisition de nouveaux contrats, et durant cette phase de négociation. En effet, lorsque c’est le contractant qui a fait le premier pas pour nous proposer une mission, nous avons immédiatement plus de facilité à mener les négociations

Ce temps est essentiel afin de pouvoir développer son activité, ou simplement avoir plus de temps pour soi. Particulièrement une fois que l’on a atteint un statut de référence dans une communauté, ce temps peut être mis à profit pour réfléchir à son offre et à sa possible évolution.

En effet, si jusqu’à maintenant, nous étions dans une démarche de proposition, ayant un besoin de travailler afin de rentabiliser notre activité, cette quatrième étape marque aussi la possibilité de choisir. 

En devenant influent, et en conséquence demandé, il n’est pas rare que l’on puisse se voir proposer plusieurs contrats à la même période. Si les premières fois sont vécues de façon négative, ayant l’impression d’avoir perdu un contrat plus qu’autre chose, on se rend vite compte que ce choix est un grand pouvoir. 

En effet, le freelance prend conscience que les rôles peuvent être inversés et qu’il n’est plus dans la position du demandeur en compétition avec tous les autres indépendants qui postulent. Il est dans une situation de force, dans laquelle c'est lui qui peut choisir avec qui et sur quels sujets il souhaite travailler, il peut ainsi : 

  • Augmenter ses prix, une façon de filtrer les offres pour ne conserver que les plus lucratives.
  • Se faire plaisir, recentrer son activité autour de ses passions et des contrats qui le motivent vraiment.
  • Devenir une personne morale. Monter son entreprise et donc changer de statut. Utilisant son statut de référence pour attirer l’attention autour de sa nouvelle marque. 

*Dans mon cas, pour un nouveau contrat d’écriture ou de coaching, je compte entre trente minutes et une heure et trente minutes pour arriver à la phase de validation finale et pouvoir commencer à travailler sur ma mission. 


6. Sortir de la logique de dépendance

Le rêve de toutes les personnes qui se lancent dans l’aventure de l’indépendance, c’est d’arriver à un stade auquel l’on dispose de la liberté du statut, mais sans en subir les contraintes. 

La contrainte principale du travail en freelance, c’est l’incertitude permanente de pouvoir trouver un contrat une fois celui en cours terminé. Ou dans le cas d’un contrat à durée indéterminé, que celui-ci puisse s’arrêter pour l’une des nombreuses raisons qui font de l’E-sport un secteur encore instable (contractant en difficulté, changement d’intérêt des communautés...). À cause de cette incertitude, les freelances sont beaucoup plus sujet à accepter des situations de dépendance vis-à-vis de leurs contractants. Et la dernière étape à prendre dans sa carrière de freelance, c’est de réussir à casser cette dépendance sans pour autant arrêter de travailler. 

Une fois que l’on a réussi à s’installer comme une figure de son activité, qu’elle soit de niche ou attire un très large public, nous sommes alors en capacité de changer les règles du jeu et donc celle de la dépendance également. 

Jusqu’à maintenant, la raison pour laquelle nous étions dépendants de nos contractants, c’était l’argent. En effet, sans une image forte qui nous permettrait de vendre directement à un public, l’autre choix au statut d’indépendant est celui de salarié. 

Cependant, à présent que nous avons une audience qui reconnait notre travail, et surtout qui le demande, nous pouvons jouer sur la corder sensible des contractants : leur dépendance à leurs clients. 

En effet, désormais, nous “influençons” les choix de notre audience, c'est-à-dire que le contractant qui nous signe a de forte chances de récupérer une large partie de notre audience en plus de notre travail. 

Si certains vont jusqu’à créer leur propre entreprise, devenant ainsi eux même des contractants, changeant alors leur dépendance vers leur communauté à l’image des créateurs de contenus, d’autres profitent pleinement de cette situation pour s’assurer des contrats de longs termes, ou du moins avec des entreprises qu’ils savent pérennes. On gagne aussi la possibilité de négocier avec plusieurs contractants du même secteur à la fois, là où en début de carrière, on peut souvent être soumis à des clauses de non-compétitivité. Une fois ces contrats acquis, et donc avec la possibilité de ne plus réfléchir à court termes et de profiter d’une certaine stabilité financière, la notion de liberté du statut d’indépendant prend tout son sens. 


7. Conclusion

 À la différence d’une entreprise ou d’un créateur de contenu, l’indépendant a beaucoup moins accès à des économies d’échelles sans changer de statut. Arriver au sommet de sa carrière, et même s'il peut prétendre à des salaires très intéressants, ce qu’il obtient principalement, c’est de la liberté dans ses choix. Cela peut concerner des choix d’organisation comme des choix de collaborations. Ils sont souvent la raison pour laquelle le métier de freelance est décrit comme un nirvana de tous ceux qui ne parviennent pas à s’adapter aux horaires fixes de la majorité des professions. 

Avant d’en arriver là cependant, un freelance passe par de nombreux stades, dont la plupart sont synonymes de contrats de subordination, de doutes et de situations précaires. Dans cet article, je n’aborde pas non plus les difficultés liées à ce statut d’un point de vue sociétal. Les prêts bancaires par exemple, ou la location d’un appartement, sont des cauchemars à obtenir pour un indépendant qui ne convient pas aux critères de revenus réguliers requis pour ces types de contrats.  

L’E-sport est née des technologies et de l’intérêt de désormais plusieurs générations pour internet et les possibilités infinies qu’il autorise. Toutefois, comme pour la plupart des métiers qui sont nés de cet engouement, ce sont souvent ceux qui réussissent à atteindre le sommet de la montagne qui parviennent aux yeux et aux oreilles du grand public. Pour les autres, la quête de liberté dans le travail peut durer toute une carrière. 


Cette page a été mise à jour le 9 septembre 2022 à 15h20
Cette page a été créée le 5 septembre 2022 à 09h47
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koko#285
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Les freelances de l'esport ne peuvent pas prétendre au statut d'intermittent du spectacle (qui doit protéger un peu mieux que l'auto-entrepreneur ) ?

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