Le New York Times dévoile les secrets du divorce entre NetEase et Activision Blizzard

Faudra en faire une série TV un jour
JudgeHype | 30/03/2023 à 11h19 - 6

La rupture du partenariat entre NetEase et Activision Blizzard a fait l'effet d'une bombe au sein de la communauté des joueurs chinois. Depuis le 24 janvier, ils ne peuvent plus jouer à World of Warcraft, Diablo III ou Overwatch. Mais que s'est-il réellement passé entre les deux sociétés qui travaillent main dans la main depuis 14 ans ?

Dans un article publié par le New York Times, on apprend les faits qui ont progressivement mené à cette perte de confiance et à la fermeture des serveurs de jeu.

À la fin de l'année dernière, les entreprises ont participé à une conférence Zoom afin de discuter de la prolongation de leur contrat. Cependant, NeatEase s'inquiétaient des nouvelles lois imposées par le gouvernement chinois et souhaitaient modifier leur contrat de longue date avec Activision pour s'assurer qu'ils étaient en conformité. 

Dans les faits, NetEase souhaitait mettre fin à l'accord de coentreprise des deux sociétés. Il s'agit d'une entité créée par les deux protagonistes afin de faciliter la commercialisation des jeux de Blizzard Entertainment en Chine. NeatEase voulait recevoir une licence directement de la part d'Activision, l'objectif étant de lui donner plus de contrôle sur les opérations ainsi que la possibilité de se conformer plus facilement à la législation.

Ce qui était vu par NetEase comme un geste de conciliation a été perçu comme une menace par les dirigeants d'Activision Blizzard. Ces derniers estimaient en effet perdre le contrôle de leurs propriétés intellectuelles. 

Cet événement semble être le véritable déclencheur du séisme qui a suivi. Mine de rien, plus de trois millions de joueurs ont perdu l'accès à leurs jeux favoris. La fin du partenariat a aussi eu pour conséquence de voir s'envoler en fumée des sommes colossales. D'après les spécialistes, le chiffre d'affaires généré par celui-ci se montait en effet à 750 millions de dollars par an.

L'échec des négociations n'est cependant pas exclusivement liée à cette conférence. Depuis 2020, le gouvernement chinois surveille de près l'industrie du jeu vidéo et et a voté de nouveaux amendements antitrust ainsi que l'augmentation substantielle des amendes en cas de non-respect des contrôles. Il est donc devenu progressivement plus difficile pour les sociétés chinoises de travailler, mais aussi aux entreprises étrangères d'investir ce marché.

Le siège de NetEase en Chine

En 2022, Neatease avait d'ailleurs demandé à à Activision de fournir aux régulateurs chinois des informations sur leur activité, ce que la société aurait refusé de faire. D'après certaines rumeurs, NeatEase aurait simplement utilisé les lois en vigueur afin d'obtenir un meilleur accord pour les années à venir.

Du côté d'Activision Blizzard, ce n'est pas la première fois que les dirigeants étaient agacés par les agissements de NetEase. En 2018, la société américaine avait vu d'un mauvais oeil l'investissement de 100 millions de dollars dans Bungie, le studio à l'origine de la franchise Destiny. À l'époque, Activision et Bungie étaient main dans la main mais cet investissement a clairement déplu à Robert Kotick et ses potes, qui craignaient que cet argent donne plus de libertés à Bungie. En janvier 2019, Bungie reprenait d'ailleurs sa liberté...

Dans les mois qui ont suivi, NetEase a investi dans d'autres sociétés, dont l'une a été fondée par un ancien cadre supérieur d'Activision Blizzard. Plus tard, Activision a demandé la révision du partenariat et le nouveau contrat contenait une clause empêchant NetEase d'embaucher d'anciens employés ou d'investir dans des studios dirigés par eux.

L'arrivée de Microsoft et l'annonce du rachat d'Activision n'a évidemment pas calmé le jeu. Lors de la fameuse conférence d'octobre 2022, certains observateurs ont eu l'impression que NetEase sous-entendait qu'elle pouvait influencer le gouvernement chinois afin de faire valider... ou bloquer l'acquisition. D'autres personnes présentes à l'époque disent tout le contraire, à savoir que NetEase soulignait simplement que sans accord de licence, Activision et Microsoft rencontreraient de gros soucis pour faire accepter leur fusion.

On connaît la suite de l'histoire, avec l'annonce de la fin du partenariat et la coupure des serveurs. Ce récit nous montre la difficulté de travailler dans cette région du monde, à la fois si attirante par le nombre de joueurs présents mais particulièrement compliquée à aborder du point de vue des lois et de l'administration chinoise.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille de lire l'article du New York Times. L'accès est payant mais vous pouvez le lire gratuitement en créant un compte sur le site.

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